Territoire : France métropolitaine

 

En mars 2020, la plupart des familles de France ont été contraintes de faire l’école à la maison. Si cette méthode d’enseignement prend clairement de l’ampleur depuis le début de la crise sanitaire, elle ne date pas du confinement. Gaëlle Magder explore la situation actuelle de l’instruction en famille et tente de comprendre en quoi la pandémie a favorisé le développement de ce phénomène. Elle a suivi quatre familles aux motivations, aux origines sociales et géographiques différentes ayant fait le choix d’instruire à la maison leurs enfants âgés de 6 à 11 ans, soit pendant la période de l’école élémentaire, du CP au CM2.

Cyril Abad
Gaëlle Magder

Née en France en 1975. Vit à Paris. Diplômée de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris en 2001, Gaëlle Magder collabore avec la presse (Le Point, Le Monde) et l’édition. Pour ses travaux personnels, elle réalise des séries au long cours, par exemple sur une drag-queen (« De l’autre côté du miroir »), des naturistes parisiens (« Comme un poisson dans l’eau »), le quotidien d’une jeune femme incarcérée à la prison de Fresnes (« Pas si petite que ça »). Elle a créé l’atelier Diptik et enseigne la photographie.

 

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Journal de bord 

Dans le cadre de mon projet pour la grande commande photo de la BNF/ Ministère de la Culture « Radioscopie de la France traversée par la crise sanitaire », j’ai choisi d’aller explorer le monde de l’instruction en famille (IEF). Je suis partie à la rencontre de familles dont les enfants (niveau élémentaire, soit de 6 à 11 ans) ne vont pas à l’école et sont instruits à la maison.   
Première étape : choisir les familles avec lesquelles je vais travailler. Après moult recherches via des associations (Félicia, les enfants d’abord, Laia, etc), les réseaux sociaux, le bouche à oreille, etc, j’ai contacté plusieurs familles à qui j’ai demandé de remplir un petit questionnaire afin de cerner leur profil. Beaucoup m’ont répondu et je les en remercie.   
Sans prétention d’être exhaustive, j’ai cherché des profils variés : les motivations (raisons personnelles, handicap, itinérance, etc), l’environnement (ville, campagne, maison, appartement, etc), milieu social, etc.   
 

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Liv, 8 ans. 

Liv, 8 ans, n’est jamais allée à l’école. Son papa, lui-même en formation de la langue des signes, lui transmet son savoir. Liv est plutôt douée et exlique ma venue chez eux. Elle vit dans la Drôme avec sa sœur Pénélope, 11 ans, en garde alterné chez leur père une semaine sur deux.

Gabriel, 8 ans. 

Gabriel, 8 ans, est autiste. Morgane, sa mère, se dévoue corps et âme pour lui et ses 2 frères, également autistes, pendant que le papa, éboueur, gagne l’argent du foyer. Ce jour de printemps, elle l’a fait travailler sur les abeilles et ils ont fait un gâteau avec les groseilles cultivées sur le balcon de leur logement social en banlieue parisienne.

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Dana (8 ans), Alan (4 ans) et Elora ( 2 ans). 

Sarah et Mathieu m’accueillent dans leur grande maison bretonne en forêt de Brocéliande. J’y rencontre  leurs trois enfants, Dana (8 ans), Alan (4 ans) et Élora (2 ans) mais aussi Orine (la chienne), Socquette (le chat), Féta (la chèvre), Dodi, Lina et Pompon (les moutons), Mama et Cocotte (les poules), Soleil (le coq) et le poussin !

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Meije ( 9 ans), Titouan (7 ans 1/2), Aeden (18 mois). 

Direction les îles Lofoten au nord de la Norvège à la rencontre Meije (9 ans), Titouan (7 ans 1/2) et Aeden (18 mois), partis faire un tour d’Europe avec leurs parents. Julie et Mathieu ont tout plaqué, vendu la maison du sud de la France et acheté Gaspard, leur camping-car, pour vivre leur rêve de voyage et d’aventure pendant un an ou deux. Pour les enfants, qui ont quitté leur école pour l’occasion, l’apprentissage c’est tous les jours dans la nature, et le travail sur les cahiers c’est dans le camping-car ou dehors au soleil !