Territoires : Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Île-de-France, Provence-Alpes-Côte d ’Azur

 

Avec cette série de portraits réalisée en étroite collaboration avec ses modèles, tous liés d’une manière ou d’une autre à l’Algérie, et en lien avec les témoignages recueillis, Lynn S.K. enquête sur les mémoires transgénérationnelles liées à la colonisation, à la guerre d’Algérie et à la guerre civile, à la croisée de l’intime et du collectif.

© Lynn S.K
© Lynn S.K

Née en France en 1986. Vit à Paris. Après des études de cinéma, Lynn S.K. mène une recherche autour de la sororité, de la mémoire enfouie et de l’entre-deux géographique inspirée de son histoire personnelle, entre France et Algérie. Lauréate de plusieurs prix, elle est publiée par Eurozine, Qantara, La Déferlante. Son travail sur l’identité féminine et l’adolescence l’a amenée à collaborer avec Virginie Despentes et Lola Lafon. Elle est membre de Collective 220 qui propose des narrations alternatives sur l’Algérie contemporaine.

 

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Découvrir les entretiens réalisés par Lynn S.K. pour " A chaque fois l'histoire de rattrape"

 


Journal de bord

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Recherches. ©Lynn S.K

I. La recherche

Même quand je ne parlais pas de l’Algérie les gens venaient me parler de l’Algérie. Au cours d'un vernissage d'une soirée ou d'un covoiturage : il suffisait qu’ils aient entendu quelque chose sur mon lieu de naissance pour venir me confier leur histoire.
Récemment un homme est venu et il m’a dit : je sais que vous êtes algérienne. J’étais en Algérie en 1959. Il faut que vous sachiez que j’aimais beaucoup les algériens et qu’ils m’aiment beaucoup aussi. (Il y a quelques jours j’ai fait l’interview et le portrait de cet homme de 85 ans, appelé pendant la guerre).
Des paroles des histoires des bribes du grand récit et dont parfois je ne savais pas bien quoi faire.
Et puis des silences, aussi, quand je questionnais ceux de mon entourage : pourrais tu me parler de. Est ce que tes parents pourraient m’en parler. La réponse souvent catégorique. Mes parents refuseront. C’est le passé. C’est trop morcelé.
Ce projet sur les mémoires de la colonisation et de la guerre, c’est une façon de recueillir toutes ces paroles, ces fragments d’Histoire, et surtout de comprendre la transmission (ou non transmission) de ces récits.